Bilan de la campagne agricole 2025 : entre pluie et chaleur, regards croisés d’experts 

17 Nov 2025

Météo agricole

La campagne agricole 2025 s’est révélée être une année de forts contrastes. Elle a été marquée par une recharge hivernale hétérogène et des vagues de chaleur décisives. Pour analyser les impacts de cette météo sur les cultures, Weenat a réuni les experts de deux filières majeures : Thomas Monville d’Axéréal (céréales, oléo-protéagineux) situé en Centre-Val-de-Loire et Julien Balajas de France Olive, situé en Occitanie. 

Julien Balajas

Thomas Monville

Leur regard croisé démontre qu’au-delà des moyennes nationales, c’est bien la répartition locale et la chronologie précise des événements climatiques qui ont dicté la réussite ou l’échec de la campagne 2025. 

Pluviométrie 2025 : une France coupée en deux

Si le bilan national (janvier-mars) affiche une recharge hivernale légèrement excédentaire (+2,9 % par rapport à la normale décennale), ce chiffre masque d’énormes disparités régionales. Des régions comme la PACA ou le Centre-Val de Loire ont été très arrosées, tandis que le Grand Est ou la Bourgogne ont souffert d’un déficit

Filière céréalière : des semis d’automne 2024 sous tension 

Pour les céréaliers de la région Centre Val de Loire, les contraintes pour la campagne 2025 ont commencé dès l’automne, à la période de semis. Thomas Monville (Axéréal) a souligné que, contrairement à l’automne 2023 (également pluvieux mais qui avait permis une première vague de semis), l’automne 2024 a débuté avec des sols déjà saturés en eau

Cette saturation précoce a provoqué des retards de semis allant de deux semaines à plus d’un mois et demi, impactant directement la structure des sols et le potentiel d’enracinement des cultures. Les conséquences ont été très locales : si la zone de Bourges s’en est sortie avec 5 à 10 % de surface perdue, des secteurs au nord de Tours ont vu plus de 30 % des surfaces d’automne non implantées. 

Thomas Monville (Axéréal) résume ce point critique : 

“La spécificité de 2024, c’est bien que l’ensemble de la sole céréale n’est pas partie sur une bonne ligne de départ… et la récolte de 2025 a été riche en émotions.” 

Filière olive : une recharge bénéfique mais un risque maladie accru

Pour la filière oléicole, cet excédent de pluie hivernale a été plutôt favorable, notamment pour les vergers non irrigués. Julien Balajas (France Olive) note une “recharge des sols qui était plutôt bonne“, en particulier dans des zones habituellement sèches comme les Pyrénées-Orientales, qui partaient donc sur de bonnes bases. 

Cependant, la pluviométrie et les conditions d’humidité ont eu un revers : elles ont créé des conditions propices aux maladies.

On a eu plutôt beaucoup d’épisodes contaminants de la maladie de l’œil de paon, contrairement à 2023“, analyse Julien, soulignant la nécessité d’une vigilance et de traitements accrus dès la sortie de l’hiver. 

Été 2025 : des coups de chaud aux impacts ciblés

La saison 2025 a également été marquée par une chaleur importante, avec un nombre de jours supérieurs à 25°C en hausse de +19,2 % sur la normale nationale. Le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire figurent parmi les régions les plus touchées. Mais là encore, la chronologie des événements a été décisive. 

 L’importance du “bon” timing pour les céréales 

Pour les céréales, la vulnérabilité venait des semis d’automne manqués : “les enracinements forcément étaient peu profonds“, explique Thomas Monville. Les cultures dépendaient donc d’une pluviométrie régulière au printemps

  • Bonne surprise pour les orges d’hiver : ayant bénéficié d’humidité jusqu’à fin avril, elles ont pu terminer leur cycle avant les fortes chaleurs de juin, affichant des rendements supérieurs à la moyenne quinquennale. 
  • Difficulté pour les blés tardifs : globalement, la campagne a été bonne, sauf pour les blés implantés tardivement (à cause des pluies d’automne) qui ont été “plus exposés aux épisodes de chaleur du mois de juin” et ont vu leurs rendements impactés négativement. 

Filière olive : un mois de juillet trop “doux” favorise la mouche de l’olive 

Une mouche de l'olive

Pour l’olivier, la chaleur peut être un allié. Les températures supérieures à 30°C provoquent une mortalité des œufs de la mouche de l’olive, principal ravageur de la culture. Or, en 2025, la filière a subi une forte dynamique de ce ravageur. 

Pour analyser la situation, Julien Balajas a comparé 2025 à deux années de référence : 

  • 2014, une année jugée « catastrophique » pour la mouche, qui s’est traduite par un pic d’acidité des huiles (et a donc joué sur sa qualité gustative) ; 
  • 2021, une année « très qualitative » avec une faible pression du ravageur et donc une acidité très faible. 

Julien explique : 

“Au mois de Juillet 2025, nous n’avons pas eu de températures élevées. Nous savons que les températures au-dessus de 30° ont une incidence sur la dynamique des mouches. Elles vont notamment tuer les premières générations qui sont susceptibles de faire des dégâts par la suite.” 

La donnée Météo Vision : l’outil clé du bilan de saison

Météo vision, la solution de météo spatialisée de Weenat

Analyser ces disparités et ces séquences climatiques avec précision est impossible sans données fiables et localisées. C’est précisément le rôle de Météo Vision, la base de données météo spatialisée développée par Weenat. 

Concrètement, Météo Vision reconstitue une météo d’observation heure par heure, à l’échelle du kilomètre, en combinant plusieurs sources (stations, radars, modèles météo) pour produire un historique homogène de plus de 11 variables météorologiques (pluie, température, ETP, point de rosée, rayonnement global…). 

L’objectif : disposer d’un historique cohérent pour comparer les campagnes entre elles, objectiver les ressentis terrain et alimenter des outils d’aide à la décision.

Romain Vallée (Weenat) précise :

“Avec Météo Vision, l’objectif est de produire une météo spatialisée d’observation de résolution kilométrique heure par heure. On possède également un historique depuis 2012.” 

Cette donnée spatialisée permet non seulement de faire des bilans de campagne précis, mais aussi d’alimenter des Outils d’Aide à la Décision (OAD) essentiels à des prises de décisions éclairées sur le terrain : 

  • Chez Axéréal : les données alimentent un outil de gestion de la fertilisation azotée, permettant de calculer l’efficacité des apports en fonction des conditions météo (risque de volatilisation, capacité d’absorption par la culture). 
  • Chez France Olive : les données sont au cœur des bulletins “Eau’live” pour le pilotage de l’irrigation et le suivi du risque maladie (œil de paon), en fournissant des indicateurs comme l’ETP ou les cumuls de pluie. 

L’enjeu futur de la donnée sol

Le bilan 2025 le confirme : la météo est la clé de voûte de l’agriculture. Pour affiner leurs conseils, les deux filières convergent sur un besoin futur : coupler la donnée météo avec une donnée sol précise.

Le suivi de la teneur en eau du sol des parcelles, comme le propose la solution Soil Vision de Weenat, est identifié par les experts comme la prochaine étape. Thomas Monville y voit un moyen “d’affiner le plus possible le contexte météorologique et de disponibilité en eau” pour qualifier les essais variétaux. Julien Balajas y voit un outil essentiel pour “retarder le plus possible le déclenchement des irrigations” et optimiser une ressource en eau de plus en plus sous tension.

Soil Vision Weenat

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