Recharge hivernale 2024-2025 : où en sont les nappes phréatiques en avril ? 

16 avril 2025
Cumul de pluie recharge hivernale Weenat 2025

L’hiver 2024-2025 a été marqué par une dynamique de recharge des nappes phréatiques très contrastée à l’échelle de la France et de l’Europe occidentale, comme le montrent les cartes du BRGM et de Weenat. L’analyse croisée de ces deux sources permet de mieux comprendre les liens entre la répartition des pluies et l’état des nappes à la sortie de l’hiver. 

Un hiver généreux en pluie sur l’ouest de l’Europe 

Cumul de pluie recharge hivernale Weenat 2025

Cumul de pluie en Europe du 01 octobre 2024 au 14 avril 2025 – Données Météo Vision

La carte de cumul des précipitations de Weenat, couvrant la période d’octobre 2024 à avril 2025, met en évidence une répartition très contrastée des pluies à l’échelle européenne.

L’ouest du continent, notamment la façade atlantique de la France, la Galice, le nord du Portugal et le nord-ouest de l’Espagne, a reçu des cumuls de pluie très importants, souvent supérieurs à 600 mm, voire localement 800 mm. Cette abondance se retrouve aussi sur les reliefs, notamment les Pyrénées et les Alpes, qui affichent des cumuls parmi les plus élevés d’Europe occidentale. À l’inverse, l’Est, le Sud-Est de l’Europe et le pourtour méditerranéen restent en marge des grandes pluies hivernales, avec des cumuls fréquemment inférieurs à 300 mm.

En France, cette dynamique se poursuit : l’ouest, de la Bretagne au Pays basque, a bénéficié d’un hiver particulièrement arrosé, tandis que l’Est, du Grand Est à la vallée du Rhône, a connu des précipitations nettement plus modestes, généralement comprises entre 200 et 400 mm. Le Sud-Est, notamment la zone méditerranéenne, reste globalement à l’écart des fortes pluies, hormis quelques épisodes isolés. 

Une réponse directe sur les nappes phréatiques en France : l’Ouest en excédent, l’Est plus fragile 

Nappes eau souterraines brgm 2025 hiver

Situation des nappes au 1er mars 2025 – BRGM

La carte du BRGM au 1er mars 2025 traduit fidèlement cette répartition pluviométrique. Les nappes de l’Ouest et du Nord du pays affichent des niveaux très hauts à hauts (bleu foncé et bleu), en cohérence avec les fortes pluies de l’hiver. Les flèches orientées vers le haut sur ces régions témoignent d’une recharge encore active début mars, signe que les pluies continuent de s’infiltrer efficacement. 

Dans le Centre et l’Est, la situation est plus nuancée : les nappes oscillent entre des niveaux moyens (vert) et modérément bas (jaune), avec des tendances parfois stables ou en légère baisse. Cette hétérogénéité reflète la moindre générosité des précipitations hivernales, mais aussi la diversité des aquifères, certains réagissant plus lentement aux apports d’eau. 

Le Roussillon, exception persistante 

Un point d’alerte ressort nettement : la plaine du Roussillon et le massif des Corbières, dans le Sud-Ouest, restent en situation critique. Malgré quelques épisodes pluvieux sur les Pyrénées, la carte du BRGM montre des niveaux de nappes très bas (rouge), stables ou en légère hausse, mais toujours insuffisants pour compenser le déficit accumulé depuis plusieurs années. Ce secteur illustre la difficulté à reconstituer les réserves souterraines lorsque les épisodes pluvieux sont trop rares ou trop courts. 

Une dynamique hivernale révélatrice 

L’analyse conjointe des deux cartes montre à quel point la recharge hivernale dépend de la répartition spatiale et temporelle des pluies. Là où les précipitations ont été abondantes et régulières, la recharge a été rapide et efficace, permettant d’aborder le printemps avec des réserves confortables. À l’inverse, les régions moins arrosées ou soumises à des épisodes plus sporadiques voient leurs nappes rester fragiles, voire se dégrader à l’approche de la saison sèche. 

Quels enjeux pour le printemps 2025 en agriculture ?

Si la majorité du territoire bénéficie d’une situation hydrogéologique favorable, la vigilance reste de mise dans les régions où la recharge a été incomplète. Les journées printanières assez chaudes et sans pluies depuis début avril pourraient accentuer les disparités, notamment sur les nappes réactives de l’Est et du Sud-Est. La gestion de l’eau devra donc rester attentive aux signaux envoyés par ces cartes, véritables baromètres de la santé des nappes françaises. 

Le pilotage de l’irrigation : un enjeu clé pour le printemps 

Dans ce contexte, le pilotage de l’irrigation devient crucial. Il s’agit d’apporter la bonne quantité d’eau au bon moment, en s’appuyant sur les outils de suivi des réserves hydriques et des sondes d’humidité du sol. Cela permettra d’optimiser l’utilisation de la ressource, de limiter les pertes par évaporation et de préserver les nappes dans les secteurs les plus fragiles. 

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