Ces dernières semaines, la France a été secouée par de violents orages. A tel point que juin 2022 est le mois “le plus foudroyé en France jamais observé”. Plus de 180 000 impacts de foudre ont été relevés entre le 1er et le 23 juin.
Bilan ? Une météo complètement hors norme, et des conditions difficiles pour les cultures.
➡️ Le vent a par exemple soufflé jusqu’à 103 km/h à Saint-André-en-Terre-Plaine, dans l’Yonne, selon Météo-France.
➡️ Et il a plu 74 mm à Saint-Yan, en Saône-et-Loire, soit l’équivalent d’un mois de pluie en seulement 12 heures.
Mais surtout…
➡️ Plus de 40 départements ont été touchés par la grêle, avec des grêlons dont la taille a parfois atteint jusqu’à 11 cm le 20 juin 2022, à Camales dans les Hautes-Pyrénées. De la Bretagne aux Landes, les dégâts sur les cultures sont impressionnants.
Mais au fait, ça vient d’où la grêle ?
Comment se forme la grêle ?
Le principal coupable, c’est lui :
Le roi des nuages, le cumulonimbus.
C’est LE nuage caractéristique des phénomènes orageux.
A l’intérieur d’un cumulonimbus, l’air circule sans cesse entre la base du nuage, chaude et humide, et son sommet, où il peut faire jusqu’à -40 °C.
Lorsque des grains de matière d’origine naturelle (poussière, suie volcanique…) ou anthropogénique (particules fines…) sont pris dans un courant ascendant, ils s’élèvent vers le haut du nuage.
Ces grains de matière, on les appelle des “noyaux glaçogènes”. Et ce sont eux qui vont devenir des grêlons à l’intérieur du nuage via deux mécanismes :
➡️ Le croissance “sèche”
La vapeur d’eau présente dans le nuage se dépose sur le noyau glaçogène, et le recouvre d’une couche de glace opaque. On parle alors de condensation solide : l’eau passe directement de l’état gazeux à l’état solide.
➡️ La croissance “humide”
En l’absence d’impuretés dans l’air, l’eau présente à l’intérieur du nuage peut rester en phase liquide jusqu’à -48 °C. Dans ce cas, on parle d’eau “surfondue”. Or, à mesure qu’il grossit, le grêlon devient plus lourd.
Résultat ? Il tombe plus vite que les gouttes d’eau surfondue, et au contact du grêlon, celles-ci gèlent progressivement. Elles forment alors une couche de glace transparente.
Pendant sa courte vie, le grêlon alterne entre des phases de croissance sèche et de croissance humide. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle à l’intérieur d’un grêlon, on observe une succession de couches de glace transparentes et opaques.
Qu’est-ce qui détermine la taille du grêlon ?
Plus les courants ascendants à l’intérieur du nuage sont puissants, plus le grêlon va rester longtemps dans le nuage, et plus il va grossir. Puis, arrive le moment où le grêlon pèse trop lourd pour que les courants ascendants du cumulonimbus parviennent à le maintenir en suspension. Il tombe alors vers le sol sous la forme d’un orage de grêle.
Le plus gros grêlon jamais observé en France est tombé près de Strasbourg, le 11 août 1958. Son poids : 978 grammes. Mais il s’agit d’une exception.
La plupart du temps, les grêlons ne dépassent pas 1 mm de diamètre. On parle alors de grésil. Et moins de 10% des cumulonimbus provoque des averses de grêle.
Quels sont les dégâts de la grêle sur les cultures ?
Les dégâts de la grêle sur les cultures dépendent de la taille des grêlons, et de l’énergie cinétique, c’est-à-dire la vitesse à laquelle ils tombent. Plus un grêlon est lourd, plus il tombe vite, et plus les dégâts sont importants.
L’ANELFA a développé une classification pour déterminer la gravité d’un épisode de grêle, sur la base des 4 000 chutes de grêle enregistrées en France depuis 1988 sur son réseau de grêlimètres :
Classe | A0 | A1 | A2 | A3 | A4 | A5 |
Diamètre des grêlons | Moins de 1 mm | De 1 mm à 1,9 mm | De 2 mm à 2,9 mm | De 3 mm à 3,9 mm | De 4 mm à 4,9 mm | 5 mm ou plus |
Énergie cinétique moyenne | 10 J/m² | 50 J/m² | 200 J/m² | 500 J/m² | 800 J/m² | – |
Type de dégâts sur les cultures | Fleurs coupées | Dommages aux vignes et aux vergers | Dommages importants aux céréales, légumes, arbres | Dommages à 100% sur toute culture | Dommages à 100% sur toute culture | Dommages à 100% sur toute culture |
Source : ANELFA
En juin 2022, on recense malheureusement de nombreuses chutes de grêle de classe A5, ce qui explique les dégâts importants dans certaines cultures, comme ici en Gironde ou encore en Dordogne 👉👉
Grêle en Dordogne : "Plus de 5000 hectares détruits à 100%, du jamais vu", selon la Chambre d'Agriculture
— France Bleu Périgord (@Bleu_Perigord) June 23, 2022
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Comment protéger les cultures face aux orages de grêles ?
Aujourd’hui, il existe peu de moyens de protection efficaces contre la grêle. Et les pertes de récolte causées par la grêle ne sont pas couvertes par le régime de calamité agricole.
1. Une assurance
Pour préserver la rentabilité de votre exploitation, la meilleure option consiste souvent à souscrire une assurance “dommage grêle”. Mais à ce jour, seuls 18% des agriculteurs (toutes cultures confondues) sont assurés contre les dégâts de grêle, selon les chiffres du ministère de l’agriculture.
2. Une application de météo locale
Si vous souhaitez anticiper les épisodes de grêle sur vos parcelles, vous pouvez aussi consulter les prévisions météo ou le radar de précipitations de l’application Weenat.
Mais attention : ces outils ne sont pas infaillibles, notamment parce que les chutes de grêle sont un phénomène souvent bref et très localisé. Il est par conséquent difficile de les prévoir avec précision.