Aujourd’hui, on a eu la chance d’échanger avec Marianne Moalic, Responsable du Service Produits chez ARVALIS – Institut du végétal.
Pour ceux qui ne connaissent pas, ARVALIS, c’est l’un des acteurs incontournables dans le domaine de la recherche agronomique.
En quelques chiffres, voici ce que ça donne :
- 27 sites en France
- 450 salariés
- Plus de 60 ans d’existence
- 5 millions d’euros de budget annuel (dont 50% sont dédiés à la R&D)
Il y a 15 ans, ARVALIS a été l’un des premiers à proposer un outil d’aide à la décision (OAD) pour aider les agriculteurs à piloter l’irrigation.
Le nom de cet outil ? Irré-LIS®, qui est depuis devenu une référence sur le marché français du pilotage de l’irrigation en grandes cultures.
Dans cette interview, Marianne va vous raconter :
➡️ Comment l’OAD Irré-LIS® a vu le jour
➡️ Pourquoi les irrigants apprécient cet outil
➡️ Quel est l’intérêt d’optimiser ses apports en eau
➡️ Pourquoi ARVALIS a changé sa stratégie de distribution
➡️ Et comment le dérèglement climatique va impacter les agriculteurs
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Bonjour Marianne Moalic. C’est un plaisir de vous rencontrer. Pouvez-vous, en quelques mots, présenter qui vous êtes ?
Enchantée, je suis Marianne Moalic, Responsable du Service Produits au sein de la Direction de la Valorisation d’ARVALIS. Ce service se compose de 6 personnes dont 4 Chefs de Produits. Notre rôle, en lien avec les équipes de R&D de l’institut, est de concevoir, mettre en place et assurer le suivi des produits et des services développés par l’institut, tels que le bilan hydrique Irré-LIS®.
ARVALIS, c’est un institut technique de recherche appliquée qui a pour but de créer des solutions utiles, utilisées et utilisables pour l’ensemble des agriculteurs et des différentes filières en grandes cultures.
L’institut existe depuis plus de 60 ans. Et il regroupe aujourd’hui 450 salariés répartis sur 27 sites dans toute la France. Pour la plupart, ce sont des ingénieurs agronomes et des techniciens agricoles.
Parmi les solutions développées par ARVALIS, vous avez évoqué le bilan hydrique Irré-LIS®. Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de créer cet outil ?
M.M. : Nos patrons, ce sont les agriculteurs. Et nous essayons de calquer au maximum nos efforts de R&D sur les besoins réels de la profession.
Lorsque Irré-LIS® a vu le jour, en 2008, c’était surtout pour répondre à une forte demande de la filière pomme de terre.
À l’époque, les producteurs étaient à la recherche d’un outil simple, ergonomique et abordable économiquement pour piloter l’irrigation.
Irré-LIS® a rapidement eu beaucoup de succès. Alors nous avons décliné l’outil sur d’autres cultures, comme le maïs par exemple qui est la première culture irriguée en France.
Au fil de l’eau, nous avons également ajouté d’autres cultures, notamment au travers de partenariats avec d’autres instituts techniques, comme Terres Inovia pour le soja ou encore Unilet pour les haricots verts et les épinards.
Comment faisaient les agriculteurs pour savoir quand déclencher ou arrêter l’irrigation auparavant ?
M.M. : Certains utilisaient des tensiomètres. Mais c’était plutôt rare à l’époque. Et ces appareils n’étaient pas encore connectés comme cela peut être le cas aujourd’hui.
La plupart du temps, le pilotage de l’irrigation se faisait de manière empirique.
Certains conseillers techniques utilisaient des bilans hydriques simplifiés. Mais chacun faisait ses calculs souvent sur des tableaux Excel et l’accès à des données fiables était difficile.
Aujourd’hui, c’est différent. Le développement des OAD et des sondes d’irrigation connectées a facilité l’accès à des données utiles pour optimiser l’irrigation.
Comment est-ce que l’arrivée d’outils de pilotage comme Irré-LIS® a changé la donne pour les irrigants ?
M.M. : Le fonctionnement du bilan hydrique Irré-LIS® est plutôt simple. L’agriculteur commence par indiquer pour chacune de ses parcelles : la localisation, le précédent cultural, la gestion des cultures intermédiaires, la culture, la date de semis, la variété et le type de sol. Puis il renseigne ses irrigations tout au long de la saison. Il peut aussi renseigner, s’il le souhaite, certains stades phénologiques observés lors de la campagne.
À partir de ces indications, nous alimentons le modèle avec des données météo (pluie, température et ETP). Selon les cas, ces données proviennent d’une station météo à la parcelle comme le propose Weenat ou de la météo spatialisée d’ARVALIS.
Le modèle est alors capable de calculer la réserve en eau du sol à un instant t. Mais surtout, de prévoir comment cette réserve va évoluer au cours des 7 prochains jours hors pluie et en fonction des stades prévisionnels de la culture. Grâce à ces informations, l’agriculteur peut positionner ses tours d’eau au bon moment pour la plante et à la juste dose.
Concrètement, quels sont les bénéfices pour les agriculteurs ?
M.M. : Avec cet outil, les agriculteurs optimisent leurs tours d’eau. A la clé, ce sont des économies d’eau, d’argent mais aussi de temps.
En moyenne, nos utilisateurs économisent 1 à 2 tours d’eau par campagne. Selon les cas, cela représente 20 à 60 mm d’eau économisée. Et ce, sans baisse de rendement.
D’après nos estimations, cela représente 20 euros d’économies par hectare, ce qui permet d’améliorer les marges de l’exploitation.
Mais le plus intéressant dans tout ça ? C’est que quelle que soit sa situation de départ, le bilan hydrique permet, dans tous les cas, à l’agriculteur d’améliorer l’efficience de l’eau, c’est-à-dire le nombre de quintaux produits par mm d’eau apporté.
Concrètement, si l’agriculteur sur-irriguait, il va faire des économies d’eau. Et s’il faisait déjà des efforts pour optimiser son irrigation, il va pouvoir mieux positionner ses apports au bon moment pour la plante, ce qui se traduira souvent par une optimisation des rendements.
Est-ce que l’utilisation d’OAD pour piloter l’irrigation est très répandue en France ?
M.M. : Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à s’équiper d’outils d’aide à la décision. Mais pour l’instant, les OAD pour le pilotage de l’irrigation sont moins répandus que ceux pour la gestion de la fertilisation ou encore de la protection des cultures contre les maladies.
Je pense que cela s’explique notamment par la réglementation et par les cahiers des charges des productions qui sont de plus en plus stricts quant à l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires. Cela dit, la gestion de la ressource en eau est une problématique de plus en plus forte notamment dans un contexte de dérèglement climatique. le pilotage de l’irrigation gagne rapidement en popularité.
L’Institut ARVALIS va progressivement se retirer de la commercialisation de l’OAD Irré-LIS® pour laisser la place aux intégrateurs tels que Weenat. Pourquoi ce choix ?
M.M. : Effectivement, nous allons cesser de proposer l’OAD Irré-LIS® sous sa forme actuelle à partir de 2025. Mais ce n’est pas la fin d’Irré-LIS® !
En réalité, nous avons décidé d’ouvrir l’accès aux données de sortie de notre modèle de bilan hydrique (qui sert à faire tourner Irré-LIS®) à des spécialistes de la conception d’interfaces et d’outils pour les agriculteurs, tels que Weenat.
La raison de ce changement de stratégie ? C’est que la création d’interfaces est un métier à part entière. Cela demande beaucoup de ressources et de compétences que nous n’avons pas. Nous nous reconcentrons donc sur notre cœur de métier. À savoir la R&D et notamment la modélisation agronomique. Nous allons donc continuer à améliorer nos modèles existants et à en concevoir de nouveaux.
Dernière question : selon vous, comment est-ce que les irrigants peuvent faire face au dérèglement climatique ?
M.M. : Pour améliorer la résilience de leur exploitation face au dérèglement climatique, les agriculteurs vont devoir combiner plusieurs leviers.
L’un d’entre eux est bien entendu le pilotage de l’irrigation. Pour être sûr que chaque goutte d’eau soit utilisée à bon escient par la culture.
Mais les exploitants vont également devoir agir en amont. Cela passe notamment par l’adaptation de leurs assolements, de leurs pratiques culturales (travail du sol, couverture du sol…) et le choix de variétés plus résistantes au stress hydrique.
Pour faire ces choix, les agriculteurs doivent avoir une réflexion globale, à l’échelle de l’exploitation, et en fonction des scénarios climatiques pour une région donnée.
Le Bilan Hydrique Irré-LIS® par Arvalis est disponible directement depuis l’application Weenat.
Ainsi, vous pouvez ajuster vos tours d’eau pour réduire la consommation d’énergie liée à l’irrigation de vos parcelles.
Comment activer le Bilan Hydrique Irré-LIS® sur vos parcelles ?
Pour activer les fonctionnalités du Bilan Hydrique Irré-LIS® , connectez vous à l’application Weenat :
- Rendez-vous dans Administration,
- Puis Options
- Et sélectionnez Irré-LIS®.
Le Bilan Hydrique Irré-LIS® est un outil payant. Toutefois son coût sera vite rentabilisé grâce aux économies d’intrants et aux gains de rendements que vous allez réaliser.